La production et la publication d’écrits est au plus haut ces temps-ci, que ce soit sur des supports imprimés ou sur Internet. Et travailler dans l’univers de la traduction freelance, c’est souvent être confrontée à des textes à des stades de développement différents. Si certains sont nets et précis, d’autres ne sont pas si aboutis. De nombreuses contraintes régissent l’écriture : les auteur.ices manquent souvent de temps, les relectures par un tiers ne sont pas toujours possibles, plusieurs plumes participent parfois au même ouvrage, la personne débute dans un genre particulier, etc. Quand je relève des manquements rédactionnels qui nuisent au sens du texte, j’en fait part aussi vite que possible. Cependant, j’ai remarqué qu’il fallait procéder différemment selon qu’il s’agissait d’un texte technique ou d’un texte littéraire.
Textes techniques et articles de recherche scientifique
Ces textes renferment des informations et faits détaillés dans des domaines précis. La traductrice que je suis n’a pas du tout vocation à modifier le sens du texte ! Mais je peux me permettre de poser des questions sur la syntaxe et l’organisation générale du manuscrit afin d’être sûre que l’on comprend tous et toutes la même chose. En explicitant leurs propos, les auteurs.ices m’aident ainsi à produire une traduction plus limpide. Parfois, ils.elles décident de restructurer leur texte suite à notre conversation avant de me le soumettre à nouveau. Mais tout dépend du temps à leur disposition, et le temps manque souvent ! Pourtant, c’est un ingrédient clé pour obtenir un résultat conforme aux attentes.
Les conventions stylistiques n’étant, de plus, pas les mêmes en français qu’en anglais, je dois souvent faire un travail d’adaptation pour que le texte anglais corresponde aux critères de lecture du monde anglophone dans lequel il sera diffusé. En tant qu’auteur.ice francophone, il peut donc être intéressant de prendre cela en compte dès la rédaction du texte original (voir mon post de blog sur le sujet ici).
Textes littéraires
Pour les textes littéraires, le conseil éditorial peut prendre une place plus importante en fonction du degré d’avancement du manuscrit et de la nature du texte. Quand je suis appelée par une maison d’édition, ce que l’on me présente est prêt à être traduit. Cela n’empêche que des questions peuvent se poser, comme la traduction de noms propres, l’adaptation du titre (surtout si celui-ci est un jeu de mot, par exemple) et le fait de discuter de choix linguistiques et stylistiques. Dans le cas de chansons ou de poèmes, la collaboration avec l’auteur.ice est fondamentale à chaque étape pour préserver l’esprit de l’œuvre tout en opérant le transfert d’une langue à l’autre.
Autre cas de figure : certains auteur.ices font appel à mes services de manière indépendante, soit en auto-édition ou parce qu’ils/elles souhaitent publier et médiatiser leurs œuvres directement en anglais. C’est là où la frontière entre conseil éditorial et traduction devient floue. En effet, je suis parfois, sans même le savoir, la primo-lectrice du texte. Et en tant que telle, je dois faire un diagnostic. Le texte est-il vraiment prêt à être traduit ou faut-il inciter l’auteur.ice à faire des révisions ? Quels sont les objectifs à terme pour ce texte ?
Il faut souvent prendre le temps d’expliquer et d’accompagner les client.e.s, car le but, à mon sens, est d’aider chaque personne à amener son texte le plus loin possible, en version originale et / ou en version traduite !
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